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L'éducation des jeunes filles en Afrique

Le rôle de la femme sous-estimée...

Sur le continent africain, face à l'éducation, les hommes et les femmes font fasse à une inégalité. À titre d'exemple, en 2008, le taux d'alphabétisme des adultes  en Afrique subsaharienne était de 71% pour les hommes et seulement de 53% pour les femmes. Une distinction importante à réaliser, lorsque l'on traite du développement d'un pays. Un développement si dépendant pourtant, d'une gente féminine bien formée.

Les attitudes sexistes dans la société...

Bon nombre des préoccupations et des contraintes dans l'éducation des filles sont enracinées dans les inégalités entre sexes profondément ancrées. Les conceptions ancrées concernant les rôles des filles comme dispensatrices de soins, mères, épouses et ménagères influent sur les perceptions de la valeur de l'éducation des filles et les choix de vie et de carrière qui leur sont disponibles. L'enseignement secondaire a lieu à un âge où les filles sont particulièrement vulnérables étant donné qu'elles entrent dans la puberté et atteignent un âge que certaines communautés jugent approprié pour la procréation, le mariage et le travail (à l'intérieur ou à l'extérieur de la maison). Cela réduit considérablement leurs chances de rester à l'école. Le taux de passage du primaire au secondaire en Afrique subsaharienne est de 62% pour les filles, mais ne serait que de 32% en Tanzanie.

Le coût de l'éducation...

De nombreux pays à travers l'Afrique ont des politiques nationales déclarant que l'éducation primaire est gratuite. La réalité pour les enfants et leurs parents est, toutefois, très différente. Bien que les frais de scolarité officiels aient été supprimés, de nombreuses écoles continuent à facturer des frais tels que les frais d’inscription ou d’examen. Tout ceci ajouté aux coûts des uniformes, des livres, du transport, des fournitures et d’autres « coûts cachés » de l'éducation, fait que la scolarisation des enfants reste un investissement financier important pour les familles. Ces coûts augmentent encore au niveau du secondaire où ils sont souvent 3 à 5 fois plus élevés qu’au primaire.

Les rapports sexuels de nature transactionnelle...

Il est difficile d'évaluer précisément combien d'enfants sont impliqués dans des relations sexuelles de nature transactionnelle - l'échange de services sexuels contre de l'argent et des cadeaux – toutefois, d'autres études indiquant que c’est une pratique répandue et communément admise parmi les filles en âge d’être scolarisées et, dans une moindre mesure, les garçons. Dans la grande majorité des cas, il existe un déséquilibre important du pouvoir entre les filles et les hommes ou les garçons avec lesquels elles ont ces rapports, et le risque de contracter le VIH et d'autres infections sexuellement transmissibles est élevé. Les grossesses précoces et non désirées en sont également une conséquence fréquemment citée, lesquelles, ajoutées aux risques pour la santé tant de la mère que de l'enfant, sont fortement liées à l'abandon scolaire des filles dans de nombreux pays.

Les grossesses précoces...

Les grossesses précoces sont courantes en Afrique subsaharienne, avec plus de 50% des filles et des jeunes femmes devenant mères avant l'âge de 20 ans. Des études ont montré qu'un certain nombre de facteurs rendent les filles des écoles primaires et secondaires vulnérables aux grossesses précoces, notamment la pauvreté, le manque d'accès aux services et informations sur la santé sexuelle et reproductive, la prévalence de la violence sexuelle et du sexe transactionnel, les faibles niveaux d'éducation, et le mariage des enfants.

Le mariage des enfants...

Le mariage des enfants est souvent à la fois une cause et une conséquence de la grossesse précoce. Il est très répandu dans de nombreuses régions d'Afrique avec 60% des filles qui sont mariées avant l'âge de 18 ans au Niger, au Tchad et au Mali. Cela se reflète également dans les cadres juridiques de certains pays, comme le Bénin et le Mali où l'âge minimum de mariage pour les filles est de 15 ans. En Guinée- Bissau, les parents ont déclaré que des petites filles de 12 ans sont retirées de l'école pour être mariées et au Togo certaines filles sont promises en mariage dans la petite enfance et mariées une fois qu'elles atteignent l'adolescence.

Le travail des enfants...

Pour de nombreux enfants à travers l'Afrique, trouver suffisamment de temps pour étudier est une lutte permanente face aux lourdes charges de travail nécessaires à leur survie et celle de leurs familles. Ces charges sont souvent réparties selon les rôles actuels : pour participer à la subsistance de la famille, les garçons des zones rurales de l'Éthiopie, par exemple, sont impliqués dans les travaux d’élevage, les travaux agricoles, ou s'engagent dans un petit commerce et d'autres activités génératrices de revenus, tandis que les filles accomplissent d’importantes tâches domestiques telles que la cuisine, aller puiser de l'eau et s’occuper des frères et sœurs ou membres de leur famille qui sont malades.

Les distances à parcourir pour aller à l'école...

L'introduction de l'éducation primaire gratuite a conduit à une expansion rapide des infrastructures scolaires dans de nombreux pays afin de faire face à la hausse des taux de scolarisation. Cependant, la demande dépasse toujours largement l'offre et les longues distances à parcourir pour atteindre l'école la plus proche reste l'une des principales raisons du manque d’assiduité selon 22% des enfants au Togo, 21% en Ouganda et 26% en Guinée-Bissau. La situation est particulièrement critique à l'école secondaire ; en Mauritanie et au Sénégal, la durée moyenne du trajet pour les élèves du secondaire est de 80 minutes.

Les États prennent toutes les mesures appropriées pour abolir les coutumes et les pratiques négatives, culturelles et sociales qui sont au détriment du Bien-être, de la dignité, de la croissance et du développement normal de l'enfant, en particulier... les coutumes et pratiques qui constituent une discrimination à l’égard de certains enfants, pour des raisons de sexe ou autres raisons. Actuellement, la majorité des rapports internationaux montrent que l'Afrique réalise d'énormes progrès dans la scolarisation et l'alphabétisation de sa population. Le taux moyen d'alphabétisation en Afrique subsaharienne a presque triplé en pourcentage sur les quarante dernières années, augmentant de 23% en 1970 à 65% aujourd'hui.

« On dit souvent que si nous éduquons une femme, nous éduquons une fille, nous éduquons toute une famille.

Parce qu'une fille, qui est devenue future mère qui est allée à l'école, y amènera elle aussi sa fille dans la prochaine génération. »

Rita Bissoonauth, Cheffe de mission UA/CIEFFA. 

Par Caroline Coutant, 19 février 2023